Depuis le début de l’anthropocène, l’humain est un acteur important dans la perturbation et la détérioration d’écosystèmes et services écosystémiques de la biosphère pouvant induire une altération de la santé humaine. Depuis un demi-siècle, il y a une importante augmentation de la circulation d’agents pathogènes, de parasites et de polluants (ex. : éléments traces métalliques, nanomatériaux, plastiques, pesticides…) dans des écosystèmes de la biosphère notamment suite à l’activité humaine. Les risques de pandémies (ex. : la COVID-19) sont devenus de plus en plus critiques avec la propagation et l’émergence d’épizooties, de zoonoses et d’épidémies. Dans plusieurs biotopes de la biosphère, la santé humaine, animale et végétale sont également menacées par la résistance aux biocides, la pollution de l’environnement et le développement de maladies multifactorielles et chroniques. Par exemple, on peut citer l'augmentation des taux d'asthme due à la pollution de l'air ou l’augmentation du risque de transmission de la maladie de Lyme associée à la fragmentation des habitats forestiers [3, 5]. De plus, il a été constaté que l’activité humaine favorisait très probablement l’émergence de nouvelles maladies infectieuses, comme par exemples les maladies dues aux virus Nipah, SRAS-CoV-1, Ebola et des grippes aviaires dans des socio-écosystèmes [1, 2, 5-7]
Figure 1: EcoHealth (écologie de la santé) est un domaine de recherche qui utilise des approches systémiques et pluridisciplinaires pour promouvoir la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes dans le contexte des interactions sociales et écologiques.
Pour endiguer des crises sanitaires causées par des zoonoses ou par des maladies infectieuses, plusieurs concepts (ex. : One Health, EcoHealth, Global Health, Planetary Health) ont été développés depuis la fin du XXème siècle par la communauté scientifique et par des organisations internationales (ex. : FAO, OMS, OIE, IDRC) [2, 4, 6-8]. Le réseau des Zones Ateliers (RZA) ambitionne d’apporter des contributions significatives à ce domaine d’étude, en testant notamment des hypothèses qui impliquent d’avoir accès à une diversité importante de paysages, de climats, de socio-écosystèmes et couvrant un gradient biogéographique à minima national. Par exemple, la relation entre la biodiversité et la santé est au cœur des approches de « l’écologie de la santé » (nom anglo-saxon : EcoHealth) (Figure 1) et repose sur l’idée selon laquelle, si une biodiversité accrue héberge par définition une plus grande diversité d’agents pathogènes, les effets de dilution/amplification à différentes échelles peuvent affiner l’effet de cette relation et ses effets sur la santé animale et humaine.
Le RZA dans le cadre de l’AT EcoHealth a pour ambition de contribuer aux développement d’outils, de connaissances et de concepts pour gérer, atténuer et contrer les impacts négatifs des agents pathogènes, de polluants ainsi que leurs interactions sur la santé de biocénoses peuplant les biotopes de socio-écosystèmes. Les actions du RZA qui seront mises en avant sont l’organisation d’ateliers et de symposiums, des publications destinées à la communauté scientifique et à la société, et plus particulièrement stimuler, réaliser et contribuer à des projets de recherche nationaux et européens ancrés en « écologie de la santé ».
Pollinisation, pesticides et polluants, photos de David Biron
"Production, qualité et risques alimentaires dans des socio-écosystèmes perturbés." (Photo de Noël Mallet)
Prélèvement d'échantillons biologiques dans une source radioactive (Chateldon, Puy-de-Dôme)
Références :
[1] Al-Delaimy WK, Ramanathan V, Sánchez Sorondo M (Eds.), 2020. Health of people, health of planet and our responsibility : Climate Change, Air Pollution and Health. Springer Verlag. Switzerland, 417 p., ISBN 978-3-030-31125-4 (eBook), https://doi.org/10.1007/978-3-030-31125-4
[2] Blanc S, Boëtsch G, Hossaert-McKey M & Renaud F (Eds.), 2017. Écologie de la santé : pour une nouvelle lecture de nos maux le cherche midi, en partenariat avec le CNRS, 192 p. ISBN 978-2-7491-5425-1
[3] Hu H. From air pollution to the Anthropocene and planetary health. Implications for clinicians, researchers, and society. Ann Am Thorac Soc 2020;17:165–168.
[4] Destoumieux-Garzón D, Mavingui P, Boetsch G, Boissier J, Darriet F, Duboz P, Fritsch C, Giraudoux P, Le Roux F, Morand S, Paillard C, Pontier D, Sueur C and Voituron Y (2018) The One Health Concept:10 Years Old and a Long Road Ahead. Front. Vet. Sci. 5:14. doi: 10.3389/fvets.2018.00014
[5] McMahon BJ, Morand S, Jeremy S, 2018. Ecosystem change and zoonoses in the Anthropocene. Zoonoses and Public Health 65(7) : 755_765.
[6] Morand S, Guégan J-F, Laurans Y (2020). De One Health à Ecohealth, cartographie du chantier inachevé de l’intégration des santés humaine, animale et environnementale. Iddri, Décryptage N°04/20.
[7] Morand S, Moutou F, Richomme C (ccord.), 2014. Faune sauvage, biodiversité et santé, quels défis ? Éditions Quae, Collection enjeux sciences, 192 p, ISBN 978-2-7592-2202-5.
[8] Rockström, J. et al. (2009). Planetary boundaries: exploring the safe operating space for humanity. Ecology and Society, Vol 14: 32.